lundi 10 août 2009

Le début de mes aventures

Cette fois-ci c'est la bonne. Je sens que je vais enfin pouvoir vivre la grande aventure dont j'ai toujours rêvée. Je suis bien arrivée à l'abbaye de Comté-du-nord. Je regarde autour de moi. Le coin a l'air plutôt paisible. J'en profite pour faire une pause et reprendre mon souffle après cette arrivée un peu brutale. Je n'ai pas grand chose sur moi. Un peu de nourriture et de liquide dans mon sac à dos. Mon fidèle bâton et mon esprit aiguisé prêt à acquérir de nouveau savoir.

Comme je ne compte pas rester inactive longtemps, je concentre mon énergie pour faire surgir l'armure de givre sans laquelle je ne me déplace jamais. En plus de me protéger bien plus complètement que les mailles de ces lourdauds de guerriers, il ralentit tous ceux qui aurait l'audace de porter la main, les crocs ou les griffes sur moi.

Je m'approche du garde devant l'abbaye. Son badge de fonction indique « Adjoint Willem ».

« Bonjour, Adjoint. Je suis Kamra, je viens d'arriver dans le coin... »

-Ah ! On peut dire que vous tomber bien. Si vous voulez vous rendre utile et nous aider dans la défense du royaume, allez voir le maréchal McBride dans l'abbaye. Il a toujours des missions pour les jeunes femmes courageuses comme vous.

-Merci Adjoint. J'y vais de ce pas.

J'aperçois quelques étals de marchand sur la droite ce qui semble confirmer que l'endroit est tranquille. J'entre dans l'imposante bâtisse qui devrait contenir une immense bibliothèque dont j'aimerais pouvoir profiter. Le maréchal est juste à l'entrée, il m'accueille avec le sourire et me demande si je pourrais l'aider à nettoyer un camp de kobolds qui se trouve un peu plus au nord. Il me parle de récompense mais au lieu de savoir ou de livres, il m'offre vingt-cinq bronzettes. Je suis un peu perdue avec ce type de relation. Enfin de toute façon montrer à ces kobolds de quel bois je me chauffe me fera plaisir donc j'accepte.

Avant de partir, je décide de faire le tour de l'abbaye pour apercevoir les rayonnages de livres et peut être avoir la permission de poursuivre quelques recherches personnelles. Mes rencontres sont plutôt décevante. Le maître des guerriers est grossier ce qui n'est pas étonnant finalement. Le maître paladin est courtois dans sa pieuse fierté habituelle. Le bibliothécaire, Frère Paxton est tellement absorbé que je n'ose même pas le déranger pour lui demander si je peux emprunter quelques volumes d'arcane.

À l'étage je trouve enfin un personnage qui me reçoit avec respect : le maître des mages, Khedden Bremen. Son savoir est grand et il est capable de m'apprendre de nouvelles utilisations des sources d'énergie. Mais là encore il me surprend en voulant recevoir des bronzettes en échange de son savoir. Bon, il va falloir que je me fasse à ce système d'échange basé sur la bronzette. En tout cas, j'ai maintenant une raison de plus d'aller voir ce qui se passe chez les kobolds. Cela me permettra de revenir voir Khedden pour acquérir les savoirs auxquels j'aspire.

Au moment où je ressors, l'adjoint Willem m'interpelle. Je m'approche et il me demande si je ne pourrais pas aller voir son ami Eagan Tannepeau derrière l'abbaye car il a besoin d'aide. J'accepte avec plaisir d'aider ce sympathique garçon et je vais voir Eagan. Il est en manque de viande de loups et comme le coin en pullule, il m'explique que cela sera bénéfique pour tout le monde si je pouvais lui ramener une dizaine de bêtes. Il m'offrira des nouvelles chaussures fourrées pour ma peine. Voilà un échange que je comprends. Je lui promet de m'y atteler de suite surtout que j'ai aperçu à peine plus loin quelques formes grises caractéristiques.

J'adopte une tactique qui m'a déjà réussi par le passé. Je choisis un loup un peu éloigné des autres, je conjure une boule de feu et peut être une autre avant qu'il ne m'atteigne et dès qu'il est proche je passe au bâton pour ne pas m'assécher de mon essence magique. Du coup, je ne prends pas grand risque et s'il me plante un croc ou deux, l'effet de torpeur de l'armure de givre me permet de le finir d'un coup d'estoc ou de taille bien placé. Il me faut à peine six loups pour sentir que je progresse dans mon utilisation de la force.

J'ai tôt fait de rapporter à Aegan ses quartiers de viande ainsi que tout un tas de peau et de crocs dans de piteux états malheureusement. Il me fait sentir très fière avec ses compliments et il me donne une bonne paire de chaussures fourrées qui me protégeront bien mieux que mes pauvres sandales. Pour les autres trouvailles, il me conseille d'aller voir les marchands. Aucune des marchandises proposées ne me convient à part un bâton mais qui est beaucoup trop cher pour moi. J'en profite pour me débarrasser de mes trouvailles et le plus étonnant c'est que les peaux malgré leur état lamentable s'échangent mieux que les objets façonnés que j'ai pu rencontré dans la plaine aux loups. Enfin cela me donne presque ce dont j'avais besoin pour augmenter mon savoir.

Alors que j'allais me diriger vers le camp des kobolds, Willem m'appelle pour me proposer une mission un peu plus dangereuse d'après lui : récupérer une dizaine de foulards rouges de cette bande de voleurs qui s'appelle la confrérie des défias et qui commence à embêter les honnêtes citoyens qui vont entre le comté-du-nord et le comté de l'or. J'accepte en lui disant que je ferais cela après mes autres affectations et je pars montrer aux kobolds les effets d'une petite boule de feu.

La mission se révèle extrêmement simple. Les kobolds ne savent pas se regrouper et je n'ai qu'un ennemis à chaque fois à combattre. Une ou deux boules de feu puis mon bâton me permette de m'en débarrasser sans recevoir plus que quelques égratignures. La collecte de bronzettes et de petits objets est évidemment bien meilleure qu'avec les loups. Encore une fois je sens rapidement l'énergie qui me parcoure de haut en bas tandis que j'ai l'expérience de soudain comprendre beaucoup mieux les fragiles relations entre les éléments. Je débarrasse la région des kobolds demandés et je retourne auprès du maréchal. Celui-ci me félicite et me propose de poursuivre l'assainissement du coin en supprimant les ouvriers kobolds qui cherche à exploiter la mine de la crête aux échos. Encore une fois il me récompensera en bronzettes mais maintenant que je commence à m'habituer à ces procédés, je souris sans malice et j'accepte de bon cœur.

Il a aussi une lettre glyphée que je dois remettre au maître des mages Bremer. Je la prends et je cours presque dans l'escalier pour aller voir mon maître. Khedden me regarde intensément comme pour découvrir ce que recèle mon esprit puis il part d'un grand rire et me parle de la recherche du savoir et du pouvoir ainsi que du respect et de la crainte que j'inspire. Il sera toujours là pour m'aider dans la poursuite de mes études et j'apprends de lui un nouvel enchantement d'intelligence des arcanes qui me permet d'affuter mes capacités de concentration pendant un grand moment.

Au petit matin, je décide de suivre la route pour voir le grand monde. Au niveau de la porte fortifiée, un bateleur fait la retape pour l'auberge de la fierté du lion qui est tenu par son ami Farley. Il m'indique que j'aurais même droit à un petit cadeau si je me présente de sa part là bas. Je le remercie par avance tout en souriant de cet étrange procédé de communication. La route se poursuit jusque le petit village qui contient une forge et l'auberge de monsieur Farley. Celui-ci m'offre effectivement cinq gourdes qui me permettront de me déshydrater pour récupérer après l'utilisation des sortilèges. J'en profite pour syntoniser ma pierre de foyer sur ce lieu reposant.

L'apothicaire de Hurlevent, William Pilon, me propose de récupérer pour lui des grandes bougies que fabriquent les vermines kobolds qui se cachent dans les mines de la région. Il pourra m'offrir des bâtons de cire luminescent qui réduisent la défense et empêchent mes ennemis de s'enfuir. Il semble que je vais devenir une grande pourfendeuse de kobolds si tout le monde m'envoie les pourchasser pour un oui ou pour un non. Enfin ce sont de vilaines bestioles qui bien que stupides ont une capacité de nuisance très développée, alors les bruler plus qu'un peu servira la grande Alliance de toutes façons.

Je visite le lieu de fond en comble, une habitude que j'ai toujours eu et qui évite les mauvaises surprises plus souvent qu'on ne le pense. Dans la cuisine, je discute avec le cuistot et il me fait remarquer qu'avec les connaissances que j'ai déjà je ferais une bonne cuisinière. Il me propose même de me vendre de nouvelles recettes et je me laisse tenter celle du pain épicé. Je prends congé et je me rends compte que l'atmosphère reposante de l'auberge m'a ouvert l'esprit et que je serais plus attentive aux apprentissages que je pourrais faire sur la route. Je décide donc de rentrer au comté-du-nord plutôt que d'attendre ici.

En chemin je m'approche de la maison près du lac où je vois un pêcheur. Lee Brown pourrait m'apprendre à pêcher mais il me faudrait un peu plus de bronzettes et aussi un peu plus de maturité. Tant pis je reviendrais plus tard car il me fatigue avec ses allusions celui-là. Dans la maison vivent deux femmes qui exercent les métiers complémentaires de dépeceur et de travailleuse du cuir. Vu comment j'ai laissé les peaux des pauvres loups avec mes boules de feu, je décline leur proposition de m'apprendre leur métier.

Toujours dans mes réflexions sur les loups et les peaux, je croise une bête de très grande taille qui me fait peur et dont je m'éloigne le plus silencieusement possible. Je tenterais mes recettes de viande de loup grillés sur les petits loups derrière l'abbaye. Malheureusement une fois en position, je n'arrive à récupérer aucun morceau de viande utilisable pour un civet. Je crois bien que ces bêtes sont trop faibles pour donner de la viande de bonne qualité. Il faudra que j'aille en chercher ailleurs.

Comme il se fait tard, je me décide d'aller m'occuper des défias à la faveur de la nuit. La rivière qui sépare leur petit camp est moins large que la portée d'une boule de feu alors il m'est très facile de les attirer un par un avec une brulure bien sentie. Une fois sur l'autre rive, je peux m'en débarrasser à coups de bâtons, même si les femmes comme les hommes manient l'épée avec une adresse qui montre la rigueur de leur entraînement. Les apprentissages de ce petit jeu de cache-cache provoquent une nouvelle fois la venue de cette particulière sensation de croissance intérieure.

Je vise ma dernière victime mais un manque d'attention me fait tirer trop tôt. Au lieu de venir seule, elle a le temps d'alerter sa copine. Je lance mes boules de feu de manière un peu frénétique mais ma visée reste bonne et j'ai tôt fait de finir la première pour ensuite m'occuper un peu plus sereinement de la dernière. Je suis heureuse de trouver le dernier foulard dont j'avais besoin car je me suis bien fatiguée avec ces deux-là à la fois.

Je retrouve l'ami Willem et ces félicitations me vont droit au cœur. Il m'offre un superbe bâton de la milice et me demande encore de l'aide pour une amie à lui (il semble connaître tout le monde dans le coin, surement sa gentillesse) et pour devenir chasseuse de prime et débarrasser la région de ce brigand de Garrick Ladétrousse et de sa bande de coupe-jarrets. « Vous ferez attention hein Kamra ? J'aimerais pas qu'il vous arrive quelque chose, vous savez ?

-Et à moi donc, et à moi donc... Vous inquiétez pas j'irais que quand je serais vraiment prête. J'ai eu l'expérience de faire face à deux ennemis à la fois, je ne veux pas recommencer de si tôt.

« Salut Kamra, c'est Willem qui t'envoie ? Merci beaucoup. J'ai peur de perdre ma récolte de vin à cause des défias, tu ne pourrais pas aller me chercher les paniers pleins ? Je n'ose pas appeler la milice, ils risqueraient de ruiner mes vignes avec leurs grosses bottes d'anneaux. Faudra faire attention à vous, mais aussi à pas trop casser mes plants s'il te plaît ? Je vous paierai bien car je sais que cette récolte est attendue dans les tavernes.

Avant d'entreprendre la moindre quête je décide d'aller voir Khedden pour voir s'il ne pourrait pas m'apprendre quelque chose d'utile.

« Alors Kamra. On avance dans la connaissance ? J'ai vu votre armure. Que diriez-vous d'un éclair de givre ? Rien de tel pour ralentir la charge d'une cible et le finir à coup de boules de feu. Et comme je vous aime bien, je vous fait une petite réduction même...

Je ne lui répond pas que je suis tellement accroc au savoir que je reviendrais quelque soit le tarif car il pourrait en profiter, n'étant pas un de ces paladins trop facile à berner, mais je lui achète le parchemin avec un sourire énigmatique.

Et comme je constate que même avec ses réductions, je manque de bronzettes pour apprendre tout ce que je pourrais, je décide de partir dès le lendemain matin pour exterminer les ouvriers kobolds qui tente d'investir la mine.

Les ouvriers kobolds sont un morceau de gâteau comme disent les habitant d'outremonde. Incapables de s'entraider, ils n'ont même pas le niveau d'attention pour se rendre compte de ma présence. Je les réduits au silence un par un en très peu de temps et je cours rejoindre le maréchal. McBride est de plus un plus fier de moi. Je le vois à la façon dont il tortille sa moustache quand il me parle. « Kamra, vous avez fait du bon boulot, y'a pas à dire. Mais les scouts rapportent un supplément d'activité du côté de la mine. Vous pouvez y retourner et vous occupez des travailleurs. Mais faites gaffe réduisez un peu leur nombre et revenez faire votre rapport. Prenez pas de risque, ma belle. »

Avant de partir, je profite de ma petite fortune pour récolter le dernier sort que le maître accepte de m'apprendre pour le moment. « Vous n'êtes encore qu'une enfant Kamra. Et je parle en art magique pas en âge. Certains sortilèges sont dangereux à maîtriser. Je suis seul juge de votre aptitude ou non à les apprendre. »

Un peu dépitée, je décide de farfouiller dans l'immense bibliothèque. Tiens, une salle que je ne connaissais pas, la maîtresse des prêtres me salue aimablement. Elle est jolie avec sa robe à capuche, dommage qu'elle n'ait pas compris où réside le véritable pouvoir. Elle m'autorise à parcourir le livre d'histoire sur la guerre civile dans les Maleterres qui est resté ouvert sur la table. Je le lis avec attention mais je n'apprends rien que je n'ai déjà lu sur le monde et la guerre qui y fait rage.

Je sors de l'abbaye et je me dirige vers la mine des kobolds. J'évite sans aucun problème les loups et les kobolds à l'extérieur. Dans la mine c'est tellement facile de se cacher que je peux attirer les travailleurs d'un coup de givre suivi de plusieurs boules de feu. Je termine toujours avec le bâton pour ne pas dépenser inutilement mon énergie magique. Soudain la lumière m'envahit et je me sens remplie de nouvelles compréhensions. La puissance commence à me donner confiance. Je repense à ce pêcheur prétentieux et je me propose de lui rendre une visite prochaine.

J'ai vite rempli le contrat alors je parcoure les tunnels en laissant les kobolds tranquilles. Ils sont tellement occupés que je peux même ouvrir leur coffre et les dévaliser sans représailles. Je termine mon tour sans rencontrer d'opposition et je repars voir le maréchal.

« Ah Kamra. Grâce à vous, on va pouvoir s'occuper de ces kobolds. J'ai décidé de vous intégrer comme Adjoint. J'ai fait mon rapport au Maréchal Dugan. Lisez-le et portez lui au plus vite. Je suis fier de vous Kamra. Rompez maintenant » Il termine cela avec un geste étonnant, il porte sa main à son front en une sorte de salut rudimentaire. Sans trop savoir pourquoi, je l'imite. Je me rends compte du plaisir qu'il éprouve en me voyant répondre alors je lui souris avec timidité. Je prends congé pour aller me reposer. La journée de demain sera encore bien remplie je crois...